Smart Cities : la technologie à l’origine de villes intelligentes et durables
Plus efficientes, plus sûres, plus durables, plus égalitaires, plus participatives et surtout plus connectées, les villes intelligentes encore dites Smart Cities interpellent. Gordon Falconer, Responsable Smart Cities du groupe GMR India, invité le 10 février 2022 par Indosuez Wealth Management s’est exprimé sur ce thème lors d’une conférence virtuelle avec Vincent Manuel, CIO Indosuez Wealth Management.
Ces systèmes complexes bâtis pour résoudre les problèmes d’aujourd’hui et relever les défis de demain sont des concentrés de l’engagement et de la dynamique d’innovation d’un grand nombre de secteurs d’activité. À ce titre, elles sont non seulement l’une des solutions contre le réchauffement climatique mais présentent aussi une opportunité d’investissement à long terme unique.
Des éco-villes aux villes intelligentes
Selon Gordon Falconer, il existe plus de 700 définitions du concept de Smart Cities né au début des années 2010 lors de la construction de l’éco-ville de Masdar dans l’Émirat d’Abu Dhabi. Néanmoins pour cet ancien promoteur immobilier qui consacre depuis de nombreuses années sa carrière aux villes intelligentes à travers tous les continents « il s’agit de faire plus avec moins grâce aux nouvelles technologies ». La technologie permet en effet de réduire les coûts, d’améliorer l’efficience et de prolonger la durée de vie des matériaux qui composent les bâtiments, ce qui contribue, selon lui, à faire émerger des villes intelligentes et innovantes. Les entreprises technologiques, quelle que soit leur taille, se sont emparées du concept qui est passé d’une ville futuriste à celui de la ville innovante avec parfois des technologies révolutionnaires favorisant la mobilité, la connectivité, l’économie circulaire...
Un concept multiple
Mesurer l’intelligence d’une ville est impossible compte tenu du nombre d’indicateurs existants comme le souligne Gordon Falconer. Toutefois, il estime que les villes intelligentes sont celles qui prennent des engagements forts et qui se sont lancées dans un processus de transformation et d’amélioration de leur performance. Les exemples sont très nombreux parmi lesquels Barcelone, Amsterdam ou encore Singapour qui a créé le concept de nation intelligente avec la mise en place d’une agence dédiée.
Il distingue les villes qui se créent à partir de rien en particulier dans les régions émergentes de celles qui existent en Europe, aux États-Unis, en Australie. Ces dernières combinent une approche sophistiquée de la transformation intelligente à la fois ascendante et descendante ce qui signifie que l’initiative provient non seulement de la ville elle-même mais aussi des autorités supranationales telles que l’Union européenne par le biais d’incitations financières, notamment.
Dans les zones émergentes, il souligne que les ressources financières sont moindres si bien que l’approche est plutôt descendante.
Dans tous les cas, les parties prenantes sont si diverses - décideurs politiques, propriétaires terriens, autorités, secteur privé, secteur public, investisseurs… - qu’il leur est compliqué de coopérer et ce d’autant plus que les villes intelligentes fonctionnent de façon horizontale. Or généralement, les infrastructures, les réseaux, les transports, les services, les administrations… fonctionnent verticalement si bien qu’il est complexe de les inscrire dans un schéma horizontal notamment dans les états fédérés.
Les villes intelligentes sont donc très singulières en fonction de l’autorité du maire, les attributions des différentes juridictions… avec comme seul point commun l’ambition de fonctionner mieux avec moins grâce à l’utilisation des nouvelles technologies.
Dès 2014, la définition de la ville connectée donnée par le Parlement européen dans son rapport « Mapping Smart cities in the EU » était tout à fait claire :
« c’est une ville qui cherche à résoudre les problèmes publics grâce à des solutions basées sur les technologies de l’information et de la communication via des partenariats d’initiative municipale et mobilisant de multiples parties prenantes ».
Le développement durable comme objectif, l’inclusion sociale comme modèle
La transition énergétique et écologique, les engagements de décarbonation, le vieillissement des infrastructures, la pression de la demande de logements urbains… sont autant de raisons qui conduisent les villes à construire une feuille de route pour accroitre leur intelligence. Gordon Falconer a analysé les objectifs de développement durable de nombreuses villes à travers le monde avant de conclure que bon nombre d’entre eux étaient communs. C’est le cas, par exemple de Monaco et de New Delhi qui partagent environ 70% de leurs objectifs centrés sur l’amélioration de la qualité de l’air, la gestion des déchets, la mobilité…
En outre, si incontestablement la ville intelligente contribue au bien-être social, la question de l’inclusion sociale se pose. Gordon Falconer estime qu’une ville intelligente peut se révéler une source d’inspiration pour l’ensemble d’un pays, une sorte de vitrine ou de modèle vers lequel pourraient tendre toutes ces villes. Séduisante, elle attire et permet ainsi de créer des richesses avec la volonté affichée de participer ainsi à l’inclusion sociale.
La pandémie de Covid-19 aura servi d’accélérateur pour agir différemment et bâtir une ville plus sociable, plus résiliente mais aussi plus résistante et plus humaine.
Avec la vulgarisation du télétravail, de l’e-santé, de l’e-éducation… la nécessaire adaptabilité a encore renforcé le recours à la technologie et à la connectivité dans l’ensemble des centres urbains.
Le rôle des entreprises de technologies
Selon Gordon Falconer, l’évolution technologique des villes intelligentes relève d’une approche en termes de systèmes et s’inscrit dans le cadre d’un large écosystème. Dans un mouvement centrifuge, les entreprises proposent leurs idées innovantes aux autorités locales puis régionales et aux administrations fédérales. La démarche varie selon les régions, la structure réglementaire, la structure gouvernementale et régionale…
Le marché est considérable et les domaines d’application multiples compte tenu des besoins d’amélioration ou de remplacement des infrastructures, de sobriété énergétique, d’économie circulaire, de gestion des déchets, de traitement des données. L’intelligence technologique est un moyen et non une fin de parvenir à une ville intelligente qui requiert des financements conséquents.
Les entreprises et notamment les startups sont nombreuses à se positionner sur les secteurs porteurs que sont la connectivité, le trafic, la sécurité, la mobilité douce, l’énergie, la gestion de l’eau, l’aménagement urbain… comme d’ailleurs les centres de recherche universitaire et les écoles parfois basés au cœur de ces villes intelligentes. Ce sont autant d’opportunités pour les investisseurs et les professionnels du Private Equity de participer aux changements qui s’opèrent et de pouvoir mesurer concrètement l’impact produit.
À titre d’illustration, selon une étude de 2018 de McKinsey (Smart cities : Digital solutions for a liveable future), une ville intelligente et connectée permettrait de réduire le nombre d’incidents criminels de 30 à 40%, d’économiser à chacun 15 à 30 minutes de trajets quotidiens, d’épargner 25 à 80 litres d’eau par personne chaque jour ou encore de sauver 30 à 100 vies chaque année dans une ville de plus de 5 millions d’habitants.
18 février 2022